Des pots pour fleurir les sépultures de nos commerces
- Sébastien Gioia
- 23 avr.
- 2 min de lecture
Il y a dans la politique municipale une tentation récurrente : celle de maquiller l’échec par le décorum. À La Seyne-sur-Mer, le centre-ville en est devenu l’illustration tragique. Tandis que les rideaux métalliques se multiplient et que les enseignes tombent une à une, la municipalité semble penser qu’un pot de fleurs gigantesque suffit à masquer le vide. Mais non, décidément non : le gigantisme horticole ne cache plus les devantures désertées.
Une opération cosmétique sur un cœur qui s’éteint
Il faut le dire avec force : la piétonnisation a précipité l’agonie commerciale du centre-ville. Pensée comme une mesure de modernisation, elle s’est révélée un coup de grâce pour des commerces déjà fragilisés. Là où l’on promettait une promenade attractive, on a fabriqué une traversée du désert, jonchée de vitrines vides et de panneaux « À louer ».
Le plan était pourtant séduisant sur le papier. Mais les actions concrètes ont relevé de l’esthétique de surface : bacs fleuris, mobiliers urbains standardisés, et une communication à grands renforts de slogans. Sauf que l’ambiance ne fait pas l’économie. Et les quelques passants n’achètent pas des illusions florales.
Un centre sans souffle, vidé de ses clients
La disparition de la circulation automobile, mal compensée par une offre de stationnement périphérique floue et peu pratique, a eu un effet immédiat : la clientèle de passage a fui. Le flux s’est tari. Les commerçants, eux, ont assisté, impuissants, à la baisse de leurs chiffres d’affaires, jusqu’à la fermeture.
Le sentiment dominant ? Celui d’une piétonnisation imposée d’en haut, sans dialogue, sans préparation, sans stratégie commerciale cohérente. Une mesure urbaine qui aurait pu être vertueuse si elle avait été pensée avec et pour ceux qui font battre le cœur d’une ville : les commerçants et les habitants.
Une ville décor, mais pour qui ?
Aujourd’hui, les bancs sont neufs, les arbres bien taillés, les pots débordants de végétation... mais qui s’assoit encore dans ce centre devenu décor de carte postale sans vie ? Les chiffres sont là : en deux ans, les fermetures de commerces se sont enchaînées. Pendant que les municipalités voisines misent sur l’accessibilité et l’accompagnement économique, La Seyne se réfugie dans un urbanisme de vitrine.
Pour une vraie revitalisation, pas un trompe-l’œil
Ce n’est pas d’un fleurissement XXL dont La Seyne a besoin. C’est d’un plan d’action sérieux : rénovation des locaux, incitations à l’installation, accompagnement des commerçants, revalorisation de l’offre commerciale, parking intelligent, animations à l’année.
Car une ville ne vit pas de pots, aussi grands soient-ils. Elle vit de ceux qui y travaillent, y consomment, y investissent.

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